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encore un an.

« Il reste à savoir si l’épave repêchée par le Californian appartient réellement au Franklin.

— En doutez-vous ? demanda Dolly.

— Nous serons bientôt fixés à cet égard, répondit l’armateur, car j’ai donné ordre que cette épave nous fût expédiée…

— Et moi, ajouta Mrs. Branican, je donne ordre que le Dolly-Hope se tienne prêt à reprendre la mer. »

Trois jours après cet entretien, le maître d’équipage Zach Fren, qui venait d’arriver à San-Diégo, se présentait au chalet de Prospect-House.

Âgé de trente-sept ans à cette époque, vigoureux et d’allure résolue, avec sa face rougie par le hâle de la mer, sa physionomie franche et avenante, il était de ces matelots qui inspirent la confiance en eux-mêmes, et qui vont toujours droit où on leur dit d’aller.

L’accueil qu’il reçut de Mrs. Branican fut empreint d’un tel sentiment de reconnaissance, que le brave marin ne savait trop comment répondre.

« Mon ami, lui dit-elle, après avoir donné cours aux premiers épanchements de son cœur, c’est vous… vous qui m’avez sauvé la vie, vous qui avez tout fait pour sauver mon pauvre enfant… Que puis-je pour vous ? »

Le maître se défendit d’avoir fait plus que son devoir !… Un matelot qui n’agirait pas comme il avait agi, ce ne serait pas un matelot… ce ne serait qu’un mercenaire !… Son seul regret, c’était de n’avoir pu rendre à sa mère son petit bébé !… Mais enfin il ne méritait rien pour cela… Il remerciait Mrs. Branican de ses bonnes intentions à son égard… Si elle le permettait, il retournerait la voir, tant qu’il serait à terre…

« Depuis bien des années, Zach Fren, j’attends votre arrivée, répondit Mrs. Branican, et j’espère que vous serez près de moi, le jour où le capitaine John reparaîtra…

— Le jour où le capitaine John reparaîtra !…

— Zach Fren, pouvez-vous penser…