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situation difficile.

parlait que de John, elle ne pensait qu’à lui. Quoi ! pas encore de lettre !… Cela l’inquiétait au dernier point !… Comment se faisait-il que la maison Andrew n’eût pas reçu même de dépêche mentionnant l’arrivée du Franklin aux Indes ?

L’armateur essaya de calmer Dolly en lui disant qu’il venait d’envoyer des télégrammes à Calcutta, que, d’un jour à l’autre, il aurait une réponse. Bref, s’il réussit à détourner ses idées, elle le troubla singulièrement, lorsqu’elle lui demanda :

« Monsieur Andrew, il y a un homme dont je ne vous ai point parlé jusqu’ici… C’est celui qui m’a sauvée et qui n’a pu sauver mon pauvre enfant… C’est ce marin…

— Ce marin ?… répondit M. William Andrew non sans une visible hésitation.

— Oui… cet homme courageux… à qui je dois la vie… A-t-il été récompensé ?…

— Il l’a été, Dolly. »

Et, en réalité, c’est ce qui avait été fait.

« Se trouve-t-il à San-Diégo, monsieur Andrew ?…

— Non… ma chère Dolly… Non !… J’ai entendu dire qu’il avait repris la mer… »

Ce qui était vrai.

Après avoir quitté le service de la baie, ce marin avait fait plusieurs campagnes au commerce et il se trouvait actuellement en cours de navigation.

« Mais, au moins, pouvez-vous me dire comment il se nomme ?… demanda Mrs. Branican.

— Il se nomme Zach Fren.

— Zach Fren ?… Bien !… Je vous remercie, monsieur Andrew ! » répondit Dolly.

Et elle n’insista pas davantage sur ce qui concernait le marin dont elle venait d’apprendre le nom.

Mais, depuis ce jour, Zach Fren ne cessa plus d’occuper la pensée de Dolly. Il était désormais indissolublement lié dans son esprit au