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par la mort de son père, lieutenant de vaisseau, survenue quelques années ensuite, il était resté, enfant encore, à la charge de son oncle. On ne s’étonnera donc pas qu’il fût écrit là-haut qu’il serait marin. D’ailleurs Énogate avait raison de penser qu’il obtiendrait sans peine son brevet de capitaine au long cours. L’oncle n’en doutait pas non plus ; mais il était de trop mauvaise humeur pour en convenir.

Et cela importait d’autant plus à la jeune Malouine que le mariage, depuis longtemps arrêté entre son cousin et elle, devait suivre d’assez près l’obtention dudit brevet. Les deux jeunes gens s’aimaient de ce franc et pur amour, qui doit suffire au bonheur de deux existences. Nanon voyait approcher avec joie le jour où serait célébrée cette union tant souhaitée de toute la famille. D’où aurait pu venir un obstacle, puisque le chef tout-puissant, à la fois oncle et tuteur, donnait son consentement… ou du moins s’était réservé de le donner, quand le futur serait capitaine ? Il va sans dire que Juhel avait fait le complet apprentissage de son métier, d’abord mousse et novice à bord des navires de la maison Le Baillif, matelot au service de l’État, et lieutenant pen-