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bord, où, depuis quinze mois, tu as porté notre route…

— Ce journal, Excellence, personne ne l’aura jamais…

— Et pour que nous en soyons tout à fait certains, tu vas le détruire à l’instant…

— À vos ordres. »

Le capitaine Zô prit le registre sur lequel étaient chiffrées les diverses directions suivies par le brick-goélette en tant de mers différentes. Il le déchira et en brûla les pages à la flamme d’un fanal.

Kamylk-Pacha et le capitaine revinrent alors sur la dunette, et une partie de la journée se passa à ce mouillage.

Vers cinq heures du soir, des nuages commencèrent à charger l’horizon de l’ouest. À travers leurs étroites déchirures, le soleil couchant dardait des faisceaux de rayons qui semaient la mer de paillettes d’or.

Le capitaine Zô hocha la tête, en marin auquel l’apparence du temps ne plait guère.

« Excellence, dit-il, il y a forte brise dans ces grosses vapeurs… peut-être même de la bourrasque pour la nuit !… Cet îlot ne nous offre aucun abri, et, avant qu’il ne fasse trop