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Mameluks, ses complices, auxquels il devait le trône. Un massacre général, accompli en 1811 dans toute l’Égypte, le délivra de cette gênante milice. Depuis lors, de longues années de tranquillité furent assurées aux sujets du vice-roi, dont les relations avec le Divan restaient excellentes, — en apparence du moins, car le sultan se défiait de son vassal, et non sans raison.

Kamylk-Pacha fut souvent en butte au mauvais vouloir de Mourad. Celui-ci, s’autorisant des témoignages de sympathie qu’il trouvait près du vice-roi, ne cessait d’exciter son maître contre le riche Égyptien. Il lui rappelait que c’était un partisan de Mahmoud, un ami des Turcs, qu’il avait versé son sang pour eux… À l’en croire, c’était un personnage dangereux, un homme à surveiller… peut-être un espion… Cette énorme fortune dans une seule main constituait un péril… Enfin il disait tout ce que l’on peut dire qui soit de nature à éveiller les convoitises d’un potentat sans principes ni scrupules.

Kamylk-Pacha ne voulut point s’en préoccuper. Au Caire, il vivait dans l’isolement, et il eût été difficile de lui tendre un piège auquel