Page:Verne - Mirifiques aventures de Maître Antifer, 1894.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la main sur l’héritage de Kamylk-Pacha. Aussi, saisi d’une sorte de colère, frappa-t-il si violemment le sol de sa pioche que des éclats de roches volèrent autour de lui.

« Eh… là-bas… gabarier, quelle mouche te pique ? s’écria maître Antifer.

— Aucune… aucune ! répondit Gildas Trégomain.

— Tâche de garder tes coups de pioche pour le bon endroit, s’il te plaît !

— Je les garderai, mon ami. »

Le groupe, suivant alors la direction du sud, descendit vers la pointe méridionale, dont six cents pas le séparaient à peine.

Maître Antifer, Ben-Omar et Saouk, maintenant en tête, pressaient leur marche, attirés comme par un aimant — cet aimant d’or, tout puissant sur les humains. Ils étaient haletants. On eût dit qu’ils subodoraient ce trésor, qu’ils l’aspiraient, qu’ils le respiraient, qu’une atmosphère de millions les pénétrait, qu’ils tomberaient asphyxiés, si cette atmosphère venait à se dissiper !

En dix minutes, on eut atteint la pointe, dont l’extrémité très effilée se perdait en mer. Ce devait être à sa naissance que Kamylk-