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hectares. Quant à l’imanat, il est d’autant plus commerçant que l’iman est non seulement le chef de l’État et le grand-prêtre de la religion, mais aussi le premier négociant du pays. Son royaume ne compte pas moins de deux mille navires jaugeant trente-sept mille tonnes. Sa marine militaire possède une centaine de bâtiments pourvus de plusieurs centaines de canons. Son armée est de vingt-cinq mille hommes. Quant à ses revenus, ils s’élèvent à près de vingt-trois millions de francs. En outre, propriétaire de cinq vaisseaux, il peut réquisitionner les navires de ses sujets, et les employer aux besoins de ses affaires, — ce qui lui permet de donner à celles-ci une superbe extension.

Du reste, l’iman est maître absolu dans l’imanat, lequel, d’abord conquis par Albuquerque en 1507, a secoué la domination portugaise. Ayant retrouvé son indépendance depuis un siècle, il est très soutenu par les Anglais, qui espèrent sans doute, après le Gibraltar d’Espagne, le Gibraltar d’Aden, le Gibraltar de Périm, créer le Gibraltar du golfe Persique. Ces tenaces Saxons finiront par « gibraltariser » tous les détroits du globe.