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press de Paris, puis le train de Bretagne, ils étaient arrivés le matin même à Saint-Malo.

Ni Saouk ni Ben-Omar ne doutaient d’obtenir du Malouin la lettre dont il ne connaissait peut-être pas la valeur, et qui renfermait la précieuse latitude — dussent-ils l’acheter au besoin.

On sait comment la tentative avait échoué.

Aussi ne peut-on s’étonner de l’irritation à laquelle était en proie Son Excellence, et comment, dans ses violences non moins effrayantes qu’injustifiées, il prétendait rendre Ben-Omar responsable de cet insuccès.

De là, cette scène bruyante, heureusement inentendue, dans cette chambre de l’hôtel, et d’où l’infortuné notaire se disait qu’il ne sortirait pas vivant…

« Oui ! répétait Saouk, c’est ta maladresse qui est cause de tout le mal !… Tu n’as pas su manœuvrer !… Tu t’es laissé jouer par un méchant matelot, toi, un notaire !… Mais n’oublie pas ce que je t’ai dit !… Malheur à toi, si les millions de Kamylk m’échappent !…

— Je vous jure, Excellence…

— Et moi, je te jure que si je n’arrive pas à mes fins, tu me le paieras… et d’un bon prix ! »