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divers incidents.

tout d’une pièce. Cette étrangère, — sa nationalité se reconnaissait facilement à sa chevelure, brune encore et crêpelée, à son teint coloré de Marocaine, — était enveloppée dans une cape de couleur sombre, dont le capuchon recouvrait sa coiffure ornée de sequins. Était-ce une bohémienne, une gitane, une gypsie, une « romanichelle » comme dit l’argot parisien, un être d’origine égyptienne ou indoue ! On n’eût pu le dire, tant ces types se ressemblent. En tout cas, elle ne demandait pas l’aumône et ne l’eût pas acceptée sans doute. Elle était là pour son propre compte ou pour le compte d’autrui, surveillant, espionnant, aussi bien ce qui se passait à l’hôtel Toronthal que dans la maison de la rue Marinella.

En effet, dès qu’elle eut aperçu le jeune homme qui descendait le Stradone en se dirigeant vers Gravosa, elle le suivit de manière à ne jamais le perdre de vue, mais assez adroitement pour que son manège ne fût pas remarqué. Pierre Bathory, d’ailleurs, était trop absorbé pour observer ce qui se passait derrière lui. Lorsqu’il ralentit son pas devant l’hôtel Toronthal, cette femme ralentit le sien. Lorsqu’il se remit en route, elle le suivit en réglant sa marche sur la sienne.

Arrivé à la première enceinte de Raguse, Pierre