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ce qui se passait à raguse.

Vinticello, revint pour la première fois depuis la mort de son fils à la maison de la rue Marinella. Elle avait résolu de la quitter définitivement, ainsi que cette ville, trop pleine pour elle de déchirants souvenirs, et venait faire ses préparatifs de départ.

Lorsque Borik eut ouvert la porte, il trouva une lettre qui avait été déposée dans la boîte de la maison.

C’était la lettre que Mme Toronthal avait mise à la poste, la veille même de sa mort, et dans des circonstances que l’on n’a point oubliées.

Mme Bathory prit cette lettre, l’ouvrit, en regarda d’abord la signature, puis lut d’un trait ces quelques lignes, écrites par une main mourante, et qui renfermaient le secret de la naissance de Sava.

Quelle subite association du nom de Sava et du nom de Pierre se fit dans l’esprit de Mme Bathory !

« Elle !… Lui !… s’écria-t-elle. »

Et, sans ajouter un mot — elle ne l’aurait pu ! — sans répondre à son vieux serviteur qu’elle repoussa au moment où il voulait la retenir, elle se précipita au dehors, elle descendit la rue Marinella, elle traversa le Stradone, elle ne s’arrêta que devant la porte de l’hôtel Toronthal.

Comprenait-elle la portée de ce qu’elle allait faire ? Comprenait-elle que mieux eût valu agir