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mathias sandorf.

les soins ne devaient pas lui manquer. Mais quelle consolation eût-on pu faire accepter à cette mère, à cette épouse, deux fois atteinte dans son amour pour son mari et pour son fils ?

Son vieux serviteur n’avait point voulu la quitter. Aussi, la maison de la rue Marinella bien close, l’avait-il suivie pour rester l’humble et assidu confident de tant de douleurs.

Quant à Sava Toronthal, maudite par la mère de Pierre Bathory, entre eux il ne fut jamais question d’elle. Ils ignoraient même que son mariage eût été remis à une époque plus éloignée.

En effet, l’état dans lequel se trouvait la jeune fille l’obligea à prendre le lit. Elle avait reçu un coup aussi inattendu que terrible. Celui qu’elle aimait était mort… mort de désespoir, sans doute !… Et c’était son corps que l’on portait au cimetière, au moment où elle quittait l’hôtel pour aller accomplir cette odieuse union !

Pendant dix jours, c’est-à-dire jusqu’au 16 juillet, Sava fut dans une situation très alarmante. Sa mère ne la quitta pas. C’étaient d’ailleurs les derniers soins que dût lui donner Mme Toronthal, car elle-même allait être frappée à son tour mortellement.

Pendant ces longues heures, quelles pensées