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la maison toronthal.

de banque, il faut bien l’avouer, Silas Toronthal ne devait pas s’attendre à bénéficier de la sympathie publique. Qu’il eût de nombreux clients dans la ville, dans le pays, soit, mais, en réalité, il y comptait peu d’amis. Le haut sentiment qu’il avait de sa position, sa vanité native, l’air de supériorité qu’il prenait avec tous et affectait en toutes choses, cela n’était pas fait pour attirer à lui en dehors des relations d’affaires. D’ailleurs, les Triestains le tenaient pour un étranger, puisqu’il était originaire de Raguse, c’est-à-dire Dalmate de naissance. Aucuns liens de famille ne le rattachaient donc à cette ville, dans laquelle il était venu, il y a quelque quinze ans, jeter les fondements de sa fortune.

Telle était alors la situation de la maison Toronthal. Cependant, bien que Sarcany eût certains soupçons à cet égard, rien encore ne permettait de confirmer le bruit que les affaires du riche banquier fussent sérieusement embarrassées. Son crédit n’avait reçu aucune atteinte, ouvertement du moins. Aussi le comte Mathias Sandorf, après avoir réalisé ses fonds, n’avait-il pas hésité à lui confier une somme très considérable, — somme qui devait toujours être tenue à sa disposition, à la condition d’en donner avis vingt-quatre heures d’avance.

Peut-être s’étonnera-t-on que des rapports quel-