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le donjon de pisino.

sit à travers la baie. Un instant après, il était suspendu dans le vide. Puis, pendant que ses genoux pressaient le câble de fer, il se laissa glisser main sous main, cherchant du pied les crampons d’attache pour s’y appuyer un instant.

L’orage éclatait alors avec une extraordinaire violence. Il ne pleuvait pas, mais le vent était effroyable. Un éclair n’attendait pas l’autre. Leurs zig-zags se croisaient au-dessus du donjon, qui les attirait par sa situation isolée à une grande hauteur. La pointe du paratonnerre brillait d’une lueur blanchâtre que le fluide y accumulait sous forme d’aigrette, et sa tige oscillait sous les coups de la rafale.

On conçoit quel danger il y avait à se suspendre à ce conducteur que suivait incessamment le courant électrique pour aller se perdre dans les eaux de ce gouffre du Buco. Si l’appareil était en bon état, il n’y avait aucun risque d’être frappé, car l’extrême conductibilité du métal, comparée à celle du corps humain, qui est infiniment moindre, devait préserver l’audacieux suspendu à ce câble. Mais, pour peu que la pointe du paratonnerre fût émoussée, ou qu’il y eût une solution de continuité dans le câble, ou qu’une rupture vînt à se produire à sa partie inférieure, un foudroiement était possible