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première lettre

Et, tenez, cette affaire d’automobile et de bateau, si vous parveniez à la tirer au clair, quelle satisfaction pour nous, quel honneur pour vous !

— Assurément, monsieur Ward, et qu’on me donne l’ordre de me mettre en campagne…

— Qui sait, Strock ?… Attendons… attendons !… »

Les choses en étaient à ce point lorsque, dans la matinée du 15 juin, à l’arrivée du courrier, Grad me remit une lettre, — lettre recommandée et dont je dus donner décharge.

Je regardai l’adresse de cette lettre, d’une écriture qui m’était inconnue. Datée de la surveille, elle portait le timbre du bureau de poste de Morganton.

De Morganton ?… Je ne mis pas en doute que ladite lettre ne fût envoyée par M. Élias Smith.

« Oui, dis-je à ma vieille bonne, c’est M. Smith qui m’écrit… Ce ne peut être que lui… Il est le seul que je connaisse à Morganton… Et s’il m’écrit, comme nous en étions convenus, c’est qu’il a quelque chose d’important à me communiquer…

— Morganton ?… reprit Grad. N’est-ce pas de ce côté que les démons ont allumé leur feu d’enfer ?

— Précisément, Grad.

— J’espère bien que monsieur ne va pas retourner là-bas ?…

— Pourquoi non ?…

— Parce que vous finiriez par rester dans cette chaudière du Great-Eyry, et je n’entends pas que monsieur y reste !…

— Rassurez-vous, Grad, et, d’abord, sachons de quoi il s’agit. »

Je rompis les cachets de l’enveloppe, faite d’un papier très épais. Ces cachets, à la cire rouge, présentaient en relief une sorte d’écusson agrémenté de trois étoiles.

Je tirai la lettre de son enveloppe. Ce n’était qu’une feuille simple, pliée en quatre, écrite au recto seulement.