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un concours de l’automobile-club

figuraient un certain nombre d’étrangers, Anglais, Français, Allemands, Autrichiens, et, par un sentiment bien naturel, chacun faisait des vœux pour les chauffeurs de sa propre nationalité.

À noter aussi, puisque ce match s’effectuait aux États-Unis, la mirifique patrie des grands parieurs de ce bas monde, que de multiples paris s’étaient établis sous toutes les formes et d’excessive importance. Des agences spéciales les avaient reçus. Dans le Nouveau Continent, ils s’étaient considérablement accrus depuis la dernière semaine de ce mois de mai, et se chiffraient alors par des centaines de mille dollars.

Le signal du départ allait être donné à huit heures du matin par un chronométreur. Afin d’éviter l’encombrement et les accidents qui en fussent résultés, les automobiles devraient se succéder à deux minutes d’intervalle sur cette route dont les abords étaient noirs de spectateurs. Le premier prix serait attribué à la voiture qui couvrirait dans le minimum de temps la distance entre Prairie-du-Chien et Milwaukee.

Les dix premières voitures, désignées par le sort, étaient parties entre huit heures et huit heures vingt. Assurément, à moins d’un accident, elles seraient arrivées au but avant onze heures. Les autres allaient suivre dans l’ordre de tirage. Des agents de police surveillaient la route de demi-mille en demi-mille. Les curieux, disséminés le long du parcours, s’ils étaient nombreux au départ, ne l’étaient pas moins à Madison, point milieu de la piste, et formaient une foule considérable à Milwaukee, point terminus du match.

Une heure et demie s’était écoulée. Il ne restait plus un seul véhicule à Prairie-du-Chien. Par les communications téléphoniques, on savait de cinq minutes en cinq minutes quelle était la situation du ring, et en quel ordre se succédaient les concurrents. C’était une voiture Renault frères, quatre cylindres et vingt chevaux de force, pneus Michelin, qui tenait la tête à