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maître du monde

— Juste, Strock, mais, paraît-il, cela présente de graves difficultés. On répète volontiers dans le pays qu’il est impossible de franchir les roches du Great-Eyry, d’en visiter l’intérieur… Or, a-t-on jamais essayé de le faire et dans de bonnes conditions de réussite ?… Je ne le crois pas, et, à mon avis, une tentative sérieusement effectuée ne pourrait donner que de bons résultats.

— Rien n’est impossible, monsieur Ward, et il n’y a là, sans doute, qu’une question de dépense…

— Dépense justifiée, Strock, et il n’y faut pas regarder lorsqu’il s’agit de rassurer toute une population ou de la prévenir pour éviter une catastrophe… D’ailleurs, est-il bien sûr que l’enceinte du Great-Eyry soit aussi infranchissable qu’on le prétend ?… Et qui sait si une bande de malfaiteurs n’y a pas établi son repaire auquel on accède par des chemins connus d’elle seule ?…

— Quoi !… monsieur Ward, vous auriez ce soupçon que des malfaiteurs…

— Il se peut, Strock, que je me trompe, et que tout ce qui se passe là soit dû à des causes naturelles… Eh bien, c’est ce que nous voulons déterminer, et dans le plus bref délai.

— Puis-je me permettre une question, monsieur Ward ?…

— Allez, Strock.

— Lorsqu’on aura visité le Great-Eyry, lorsque nous connaîtrons l’origine de ces phénomènes, s’il existe là un cratère, si une éruption est prochaine, pourrons-nous l’empêcher ?…

— Non, Strock, mais les habitants du district auront été avertis… On saura à quoi s’en tenir dans les villages, et les fermes ne seront pas surprises. Qui sait si quelque volcan des Alleghanys n’expose pas la Caroline du Nord aux mêmes désastres que la Martinique sous les feux de la Montagne Pelée ?… Il faut au moins que toute cette population puisse se mettre à l’abri…