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la crique de black-rock

Soudain un bruit se fit entendre, un piétinement de chevaux échappés, toute une galopade le long de la lisière…

C’est notre attelage qui, pris d’effroi, a quitté la clairière, et le voici qui débouche sur la grève…

Presque aussitôt les hommes paraissent et, cette fois, ils courent à toutes jambes…

Pas de doute, la présence de notre attelage leur a donné l’éveil… Ils se sont dit que des gens de la police étaient cachés dans le bois… On les épiait, on les guettait, on allait s’emparer d’eux !…

Aussi se précipitent-ils vers la passe, et, après avoir arraché le grappin, ils sauteraient à bord… L’Épouvante disparaîtrait avec la rapidité d’un éclair, et la partie serait définitivement perdue !…

« En avant ! » criai-je…

Et nous voici dévalant sur la grève pour couper la retraite à ces hommes…

Dès qu’ils nous voient, ils jettent les ballots et, déchargeant leurs revolvers, ils blessent John Hart, qui est frappé à la jambe.

Nous tirons à notre tour, moins heureusement. Ces hommes ne furent ni atteints, ni arrêtés dans leur course. Arrivés à l’extrémité de la passe, sans prendre le temps de dégager le grappin, ils sont en quelques brassées sur le pont de l’Épouvante

Le capitaine, debout à l’avant, le revolver à la main, fait feu, et une balle effleure Wells.

Nab Walker et moi, après avoir saisi l’amarre, nous halions dessus.

Mais il suffirait qu’elle soit coupée du bord, pour que le bateau puisse se remettre en marche…

Soudain, le grappin s’arrache du sable, et, une de ses pattes