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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

CHAPITRE III
L’ASIE ET SES PEUPLES

La Tartarie d’après Witzen. — La Chine d’après les Jésuites et le père Du Halde. — Macartney en Chine. — Séjour à Chu-Sang. — Arrivée à Nankin. — Négociations. — Réception de l’ambassade par l’empereur. — Fêtes et cérémonies à Zhé-Hol. — Retour à Pékin et en Europe. — Vulney. — Choiseul-Gouffier. — Le Chevalier dans la Troade. — Olivier en Perse. — Un pays semi asiatique. — La Russie d’après Pallas.

À la fin du xviie siècle, le voyageur Nicolas Witzen avait parcouru la Tartarie orientale et septentrionale et avait rapporté un fort curieux récit de voyage qu’il publia en 1692. Cet ouvrage, écrit en hollandais et qui ne fut traduit en aucune langue européenne, ne procura pas à son auteur la notoriété à laquelle il avait droit. Illustré de nombreuses gravures, peu artistiques, il est vrai, mais dont la bonhomie semble prouver la fidélité, ce livre fut réédité en 1705, et les derniers exemplaires de cette seconde édition furent rajeunis en 1785 par un nouveau titre. Le besoin ne s’en faisait cependant pas sentir, car on avait, à cette époque, des relations bien plus curieuses et autrement complètes.

Depuis le jour où les jésuites avaient pu mettre le pied dans le Céleste Empire, ils avaient travaillé, par tous les moyens en leur pouvoir, à rassembler des documents de tout genre sur cette immense contrée, qui n’était connue, avant eux, que d’après les récits merveilleux de Marco Polo. Bien que la Chine soit la patrie de la stagnation et que les mœurs y demeurent constamment les mêmes, trop d’événements s’étaient passés pour qu’on ne désirât pas être renseigné d’une manière plus précise sur un pays avec lequel l’Europe pouvait entamer des relations avantageuses.

Les résultats des recherches des pères de la Compagnie de Jésus, qui jusqu’alors avaient été publiés dans le recueil précieux des Lettres édifiantes, furent réunis, révisés, augmentés par un de leurs plus zélés représentants, par le père Du Halde. Le lecteur n’attend pas, sans doute, que nous résumions ce travail immense ; un volume n’y suffirait pas, et d’ailleurs les renseignements que nous possédons aujourd’hui sont bien plus complets que ceux que l’on doit à la patience et à la critique éclairée du père Du Halde, qui composa le premier ouvrage vraiment sérieux sur le Céleste Empire.

En même temps qu’ils se livraient à ces travaux, on ne peut plus méritoires,