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LES EXPLORATEURS DE L'AFRIQUE.

lieu un séjour enchanteur. La tentation d’y demeurer pouvait s’emparer de quelques-uns des domestiques du voyageur. Aussi Le Taillant pressa-t-il le départ. Tout ce pays, jusqu’à la mer, est occupé par des colons qui élèvent des bestiaux, font du beurre, coupent des bois de charpente, et ramassent du miel qu’ils transportent au Cap.

Un peu au delà du dernier poste de la Compagnie, Le Vaillant, ayant reconnu un canton où volaient par milliers des « touracos » et d’autres oiseaux rares, établit un camp de chasse ; mais les pluies, qui vinrent à tomber brusquement, avec violence et continuité, contrarièrent singulièrement ses projets et mirent les voyageurs à la veille de périr de faim.

Après diverses péripéties et de nombreuses aventures de chasse, dont le récit serait amusant à faire, mais ne rentrerait pas dans notre cadre, Le Vaillant atteignit Mossel-Bay. C’est là que vinrent le trouver, — on suppose avec quelle joie de sa part, — des lettres de France. Les courses et les chasses continuèrent dans diverses directions, jusqu’à ce que l’expédition pénétrât chez les Cafres. Il fut assez difficile d’avoir des rapports avec ces derniers, car ils évitaient soigneusement les blancs. Les colons leur avaient fait subir des pertes considérables en hommes et en bestiaux, et les Tamboukis, profitant de leur situation critique, avaient envahi la Cafrerie et commis mille déprédations ; enfin, les Boschimans leur faisaient une chasse très sérieuse. Sans armes à feu, pressés de divers côtés à la fois, les Cafres se dérobaient et se retiraient vers le nord.

Il était inutile, d’après ces renseignements, de pousser plus loin dans ce pays qui devenait montagneux, et Le Vaillant revint sur ses pas. Il visita alors les Montagnes de Neige, les plaines arides du Karrou, les bords de la Buffles-River, et rentra au Cap, le 2 avril 1783.

Les résultats de cette longue campagne étaient importants. Le Vaillant rapportait des renseignements précis sur les Gonaquas, peuple nombreux qu’il ne faut pas confondre avec les Hottentots proprement dits, et qui, par tous ses caractères, semble résulter du mélange des Cafres avec ceux-ci. Quant aux Hottentots, les détails recueillis par Le Vaillant sont, presque en tous points, d’accord avec ceux de Sparrman.

« Les Cafres que Le Vaillant a eu l’occasion de voir, dit Walckenaer, sont généralement d’une taille plus haute que les Hottentots et même les Gonaquas. Leur figure n’a pas ces visages rétrécis par le bas, ni cette saillie des pommettes des joues si désagréable chez les Hottentots, et qui déjà commence à s’affaiblir chez les Gonaquas. Ils n’ont pas non plus cette face plate et large ni les lèvres