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LES PRÉCURSEURS DU CAPITAINE COOK.

terres et des îles fort considérables, inconnues jusqu’ici aux puissances de l’Europe, situées dans des latitudes commodes pour la navigation et dans des climats propres à la production de différentes denrées utiles au commerce ; enfin, comme les îles de Sa Majesté, appelées îles de Pepys ou îles de Falkland, situées dans l’espace qu’on vient de désigner, n’ont pas été examinées avec assez de soin pour qu’on puisse avoir une idée exacte de leurs côtes et de leurs productions, quoiqu’elles aient été découvertes et visitées par des navigateurs anglais ; Sa Majesté, ayant égard à ces considérations et n’imaginant aucune conjoncture aussi favorable à une entreprise de ce genre que l’état de paix profonde dont jouissent heureusement ses royaumes, a jugé à propos de la mettre à exécution.... »

Quel était donc le marin éprouvé sur qui le choix du gouvernement anglais s’était arrêté ? C’était le commodore John Byron, né le 8 novembre 1723. Dès son enfance, il avait montré la passion la plus vive pour la carrière maritime et s’était embarqué à dix-sept ans sur un des bâtiments de l’escadre de l’amiral Anson, chargée d’aller détruire les établissements Espagnols sur les côtes du Pacifique.

Nous avons raconté plus haut les malheurs qui fondirent sur cette expédition, avant l’incroyable fortune qui devait marquer sa dernière partie.

Le bâtiment sur lequel Byron était embarqué, le Wager, fit naufrage en débouquant du détroit de Magellan, et l’équipage, fait prisonnier par les Espagnols, fut emmené au Chili. Après une captivité qui n’avait pas duré moins de trois ans, Byron parvint à s’échapper et fut recueilli par un bâtiment de Saint-Malo, qui le ramena en Europe. Il reprit aussitôt du service, se signala en plusieurs rencontres pendant la guerre contre la France, et ce fut, sans doute, le souvenir de son premier voyage autour du monde, si malheureusement interrompu, qui attira sur lui l’attention de l’Amirauté.

Les bâtiments qu’on lui confiait étaient armés avec soin. Le Dauphin était un navire de guerre de sixième rang qui portait 24 canons, 150 matelots, 3 lieutenants et 37 bas officiers. La Tamar était un sloop de 16 canons, sur lequel embarquèrent, sous le commandement du capitaine Mouat, 90 matelots, 3 lieutenants et 27 bas officiers.

Le début ne fut pas heureux. Le 21 juin, l’expédition quitta les Dunes ; mais, en descendant la Tamise, le Dauphin toucha, et il fallut entrer à Plymouth pour l’abattre en carène.

Le 3 juillet, l’ancre fut définitivement levée, et, dix jours plus tard, Byron s’arrêtait à Funchal, dans l’île de Madère, pour prendre quelques rafraîchissements. Il