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LES NAVIGATEURS FRANÇAIS.

Maouna. Tous les blessés, et notamment M. Lavaux, le chirurgien major de l’Astrolabe, qui avait été trépané, étaient alors en parfaite santé, M. de Clonard avait pris le commandement de l’Astrolabe, et M. de Monti l’avait remplacé sur la Boussole.

Une lettre postérieure de deux jours donnait des détails sur la route que le commandant se proposait de suivre. La Pérouse y disait :

« Je remonterai aux îles des Amis et je ferai absolument tout ce qui m’est enjoint par mes instructions relativement à la partie méridionale de la Nouvelle-Calédonie, à l’île Santa-Cruz de Mendana, à la côte du sud de la terre des Arsacides de Surville et à la terre de la Louisiade de Bougainville, en cherchant à connaître si cette dernière fait partie de la Nouvelle-Guinée ou si elle en est séparée. Je passerai à la fin de juillet 1788 entre la Nouvelle-Guinée et la Nouvelle-Hollande par un autre canal que celui de l’Endeavour, si toutefois il en existe un. Je visiterai, pendant le mois de septembre et une partie d’octobre, le golfe de Carpentarie et toute la côte occidentale de la Nouvelle-Hollande jusqu’à la terre de Diemen, mais de manière, cependant, qu’il me soit possible de remonter au nord assez tôt pour arriver au commencement de décembre de 1788 à l’île de France. »

Non seulement La Pérouse ne fut pas exact au rendez-vous que lui-même avait fixé, mais deux années entières se passèrent sans qu’on eût de nouvelles de son expédition.

Bien que la France traversât, à cette époque, une crise d’une importance exceptionnelle, l’intérêt public, violemment surexcité, finit par se traduire à la barre de l’Assemblée nationale par l’organe des membres de la Société d’histoire naturelle de Paris. Un décret du 9 février 1791 imita le roi à faire armer un ou plusieurs bâtiments pour aller à la recherche de La Pérouse. En supposant qu’un naufrage vraisemblable fût venu arrêter le cours de l’expédition, il était possible que la plus grande partie des équipages eût survécu ; il importait donc qu’on lui portât secours le plus rapidement possible.

Des savants, des naturalistes et des dessinateurs devaient faire partie de cette expédition, afin de la rendre utile et avantageuse à la navigation, à la géographie, au commerce, aux arts et aux sciences. Tels sont les termes du décret que nous avons cité plus haut.

Le commandement de l’escadre fut donné au contre-amiral Bruny d’Entrecasteaux. L’attention du ministre avait été appelée sur cet officier par sa campagne dans l’Inde à contre-mousson. On lui donnait les deux flûtes la Recherche et l’Espérance, cette dernière sous le commandement de M. Huon de Kermadec,