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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIECLE.

isochronisme parfait, malgré l’état de la mer et les différences de température.

Bien des recherches avaient été faites en ce sens. Besson, au xvie siècle, Huyghens, au xviie siècle, puis Sally, Harrisson, Dutertre, Gallonde, Rivas, Le Roy et Ferdinand Berthoud avaient essayé ou poursuivaient encore la solution de ce problème.

En outre, les gouvernements anglais et français, pénétrés des services que rendrait un instrument parfait, avaient promis des récompenses élevées, et l’Académie des Sciences avait ouvert un concours solennel. En 1765, Le Roy présenta deux montres à ce concours, tandis que Berthoud, qui travaillait pour le roi, était forcé de s’abstenir. Les montres de Le Roy sortirent victorieuses des épreuves auxquelles elles furent soumises sur terre. Il s’agissait de voir si elles se comporteraient aussi bien à la mer.

Le marquis de Courtanvaux fit construire, à ses frais, la frégate légère l’Aurore pour servir à cette épreuve. Mais Le Roy trouva lui-même qu’une tournée en mer, avec arrêts à Calais, Dunkerque, Rotterdam, Amsterdam et Boulogne, qui n’avait duré que du 23 mai au 29 août, était bien trop courte, et il demanda une seconde épreuve. Cette fois, ses montres furent embarquées sur la frégate l’Enjouée, qui, partie du Havre, relâcha à Saint-Pierre près de Terre-Neuve, à Salé en Afrique, à Cadix, et rentra à Brest, après quatre mois et demi de voyage. L’épreuve était sérieuse, les latitudes avaient varié ainsi que l’état de la mer. Si la montre ne s’était pas dérangée, elle méritait le prix. Il fut, en effet, décerné à Le Roy.

Cependant, l’Académie savait que d’autres artistes s’occupaient des mêmes recherches, et qu’ils n’avaient pu mettre au concours pour différents motifs. Elle proposa donc le même sujet pour prix en 1771 et le doubla pour 1773.

F. Berthoud croyait avoir atteint la perfection, mais il fallait à sa montre la consécration d’un long voyage sur mer.

Une frégate de 18 canons, l’Isis, fut armée à Rochefort pendant les derniers mois de 1768, et le commandement en fut confié au chevalier d’Eveux de Fleurieu, connu plus tard sous le nom de Claret de Fleurieu. Fleurieu alors enseigne de vaisseau, était déjà, quoiqu’il n’eût encore que trente ans, un savant distingué. Nous avons eu déjà l’occasion de citer son nom, nous la trouverons encore plus d’une fois. Pour le moment, Fleurieu, épris de mécanique, avait aidé Berthoud dans ses travaux ; mais, pour qu’on ne pût suspecter son désintéressement, il s’adjoignit plusieurs officiers afin d’observer la marche de la montre qui lui était confiée.

Partie au mois de novembre 1768, l’Isis relâcha successivement à Cadix, aux