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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

talents, l’expérience et les connaissances scientifiques fussent à même de tirer parti du puissant armement en cours d’exécution.

Nul autre que le capitaine Cook ne réunissait au même degré les qualités requises. On s’adressa donc à lui. Bien qu’il eût pu passer en paix le reste de ses jours dans la place qui lui avait été donnée, à l’Observatoire de Greenwich, et jouir en repos de l’estime et de la gloire que lui avaient conquises ses deux voyages autour du monde, Cook n’hésita pas un instant.

Deux bâtiments lui furent confiés, la Résolution et la Discovery, cette dernière sous les ordres du capitaine Clerke, et ils reçurent le même armement qu’à la précédente campagne.

Les instructions du commandant de l’expédition lui prescrivaient de gagner le cap de Bonne-Espérance et de cingler au sud pour chercher les îles récemment découvertes par les Français, par 48 degrés de latitude, et vers le méridien de l’ile Maurice. Il devait ensuite toucher à la Nouvelle-Zélande, s’il le jugeait à propos, se rafraîchir aux îles de la Société et y débarquer le Taïtien Maï, puis gagner la Nouvelle-Albion, éviter de débarquer dans aucune des possessions espagnoles de l’Amérique, et de là se diriger par l’océan Glacial arctique vers les baies d’Hudson et de Baffin, — en d’autres termes, chercher, par l’est, le passage du nord-ouest. Cela fait, après avoir rafraîchi ses équipages au Kamtchatka, il devait faire une nouvelle tentative et regagner l’Angleterre par la route qu’il croirait la plus utile aux progrès de la géographie et de la navigation.

Les deux bâtiments ne partirent pas ensemble. La Résolution mit à la voile, de Plymouth, le 12 juillet 1776, et fut rejointe au Cap, le 10 novembre suivant, par la Discovery, qui n’avait pu quitter l’Angleterre que le 1er août. Cette dernière, éprouvée par la tempête, avait besoin d’être calfatée, et ce travail retint les deux navires au Cap jusqu’au 30 novembre. Le commandant profita de ce long séjour pour acheter des animaux vivants qu’il devait déposer à Taïti et à la Nouvelle-Zélande, et pour approvisionner ses bâtiments en vue d’un voyage de deux ans.

Après douze jours de route au sud-est, deux îles furent découvertes par 46° 53’ de latitude sud et 37° 46’ de longitude est. Le canal qui les sépare fut traversé, et l’on reconnut que leur côte escarpée, stérile, était inhabitée. Elles avaient été découvertes, ainsi que quatre autres, situées de neuf à douze degrés plus à l’est, par les capitaines français Marion-Dufresne et Crozet, en 1772.

Le 24 décembre, Cook retrouva les îles que M. de Kerguelen avait relevées dans ses deux voyages de 1772 et 1773.

Nous ne relaterons pas ici les observations que le navigateur anglais recueillit