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SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

Les Néo-Calédoniens étaient dans l’usage d’enterrer leurs morts. Plusieurs personnes de l’équipage visitèrent leurs cimetières, et notamment le tombeau d’un chef, sorte de grande taupinière, décorée de lances, de javelots, de pagaies et de dards, fichés autour.

Le 13 septembre, Cook quitta le havre de Balade et continua à ranger la côte de la Nouvelle-Calédonie, sans pouvoir se procurer de nourriture fraîche. Le pays présentait à peu près partout le même aspect de stérilité. Enfin, tout à fait au sud de cette grande terre, on en découvrit une plus petite, qui reçut le nom d’île des Pins, à cause du grand nombre d’arbres de cette espèce qui l’ombrageaient.

C’était une espèce de pin de Prusse, très propre à faire les espars dont la Résolution avait besoin. Aussi, Cook envoya-t-il une chaloupe et des travailleurs pour choisir et couper les arbres qui lui étaient nécessaires. Quelques-uns avaient vingt pouces de diamètre et soixante-dix pieds de haut, de sorte qu’on en aurait pu faire un mât pour le navire, si cela eût été nécessaire. La découverte de cette île parut donc précieuse, car, avec la Nouvelle-Zélande, elle était la seule qui pût fournir des mâts et des vergues dans tout l’océan Pacifique.

En faisant route au sud vers la Nouvelle-Zélande, Cook eut connaissance, le 10 octobre, d’une petite île inhabitée, sur laquelle les botanistes firent une ample moisson de végétaux inconnus. C’est l’île Norfolk, ainsi nommée en l’honneur de la famille Howard, et que devaient plus tard coloniser une partie des révoltés du Bounty.

Le 18, la Résolution mouillait encore une fois dans le canal de la Reine-Charlotte. Les jardins, que les Anglais avaient plantés avec tant de zèle, avaient été entièrement négligés par les Zélandais, et, cependant, plusieurs plantes s’y étaient merveilleusement développées.

Tout d’abord, les habitants ne se montrèrent qu’avec circonspection et parurent peu désireux d’entamer de nouvelles relations. Cependant, lorsqu’ils eurent reconnu leurs anciens amis, ils témoignèrent leur joie par les démonstrations les plus extravagantes. Interrogés sur le motif qui les avait poussés à garder tout d’abord cette réserve et cette sorte de crainte, ils répondirent d’une façon évasive, et l’on put comprendre qu’il était question de batailles et de meurtres.

Les craintes de Cook sur le sort de l’Aventure, dont il n’avait pas eu de nouvelles depuis la dernière relâche en cet endroit, devinrent alors fort vives ; mais, quelque question qu’il pût faire, il ne parvint pas à savoir la vérité. Il ne devait apprendre ce qui s’était passé pendant son absence qu’au cap de Bonne-Espérance, où il trouva des lettres du capitaine Furneaux.