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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

Cook fit procéder au relèvement d’une grande partie de la côte orientale. Pendant cette excursion, on aperçut un indigène aussi blanc qu’un Européen, blancheur qui fut attribuée à quelque maladie. C’était un albinos semblable à ceux qu’on avait déjà rencontrés à Taïti et aux îles de la Société.

Le commandant, qui voulait acclimater les cochons à la Nouvelle-Calédonie, eut beaucoup de peine à faire accepter aux indigènes un vérat et une truie. Il eut besoin de vanter l’excellence de ces animaux, la facilité de leur reproduction, et d’en exagérer même la valeur, pour qu’ils consentissent à les lui laisser mettre à terre.

En résumé, Cook peint les Néo-Calédoniens comme grands, robustes, actifs, civils, paisibles ; il leur reconnaît une qualité bien rare : ils ne sont pas voleurs. Ses successeurs en ce pays, et notamment d’Entrecasteaux, se sont aperçus, à leurs dépens, que ces insulaires n’avaient pas persévéré dans cette honnêteté.

Quelques-uns avaient les lèvres épaisses, le nez aplati, et tout à fait l’aspect du nègre. Leurs cheveux, naturellement bouclés, contribuaient aussi à leur donner cette ressemblance.

« S’il me fallait juger, dit Cook, de l’origine de cette nation, je la prendrais pour une race mitoyenne entre les peuples de Tanna et des îles des Amis, ou entre ceux de Tanna et de la Nouvelle-Zélande, ou même entre les trois, par la raison que leur langue n’est à quelques égards qu’un mélange de celles de ces différentes terres. »

La quantité des armes offensives de ces indigènes, massues, lances, dards, frondes, était un indice de la fréquence de leurs guerres. Les pierres qu’ils lançaient avec leurs frondes étaient polies et ovoïdes. Quant aux maisons construites sur un plan circulaire, la plupart ressemblaient à des ruches d’abeilles, et leur toit, d’une élévation considérable, se terminait en pointe au sommet. Elles avaient un ou deux foyers toujours allumés ; mais, la fumée n’ayant d’autre issue que la porte, il était presque impossible à des Européens d’y demeurer.

Ces naturels ne se nourrissaient que de poissons, de racines, entre autres l’igname et le taro, et de l’écorce d’un arbre qui est fort peu succulente. Les bananes, les cannes à sucre, le fruit à pain étaient rares dans ce pays, et les cocotiers n’y poussaient pas aussi vigoureux que dans les îles déjà visitées par la Résolution. Quant au nombre des habitants, on aurait pu croire qu’il était considérable ; mais Cook remarque avec justesse, que son arrivée avait provoqué la réunion de tous les indigènes voisins, et le lieutenant Pickersgill eut l’occasion de constater, pendant sa reconnaissance hydrographique, que le pays était très peu peuplé.