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SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

de leurs cochons, même pour des haches, dont ils avaient pu cependant constater l’utilité.

L’arbre à pain, les noix de coco, un fruit qui ressemble à la pêche et qu’on nomme « pavie », l’igname, la patate, la figue sauvage, la noix muscade, et plusieurs autres dont Forster ignorait les noms, telles étaient les productions de cette île.

Cook quitta Tanna le 21 août et découvrit successivement les îles Erronam et Annatom, prolongea l’île de Sandwich, et, passant devant Mallicolo et la Terre du Saint-Esprit de Quiros, où il n’eut pas de peine à reconnaître la baie de Saint-Jacques et Saint-Philippe, il quitta définitivement cet archipel, après lui avoir donné le nom de Nouvelles-Hébrides, sous lequel il est aujourd’hui connu.

Le 5 septembre, le commandant fit une nouvelle découverte. La terre qu’il avait en vue n’avait jamais été foulée par le pied d’un Européen. C’était l’extrémité septentrionale de la Nouvelle-Calédonie. Le premier point aperçu fut appelé cap Colnett, du nom de l’un des volontaires qui en eut le premier connaissance. La côte était bordée d’une ceinture de brisants, derrière laquelle deux ou trois pirogues semblaient diriger leur course, de manière à venir à la rencontre des étrangers. Mais, au lever du soleil, elles carguèrent leurs voiles et on ne les vit plus.

Après avoir louvoyé pendant deux heures le long du récif extérieur, Cook aperçut une échancrure, qui devait lui permettre d’accoster. Il y donna, et débarqua à Balade.

Le pays paraissait stérile, uniquement couvert d’une herbe blanchâtre. On n’y voyait que de loin en loin quelques arbres à la tige blanche, dont la forme rappelait celle du saule. C’étaient des « niaoulis ». En même temps, on apercevait plusieurs maisons ressemblant à des ruches d’abeilles.

L’ancre ne fut pas plus tôt jetée, qu’une quinzaine de pirogues entourèrent le bâtiment. Les indigènes eurent assez de confiance pour s’approcher et procéder à des échanges. Quelques-uns entrèrent même dans le navire, dont ils visitèrent tous les coins avec une extrême curiosité. Ils refusèrent de toucher aux différents mets qu’on leur offrit, purée de pois, bœuf et porc salés ; mais ils goûtèrent volontiers aux ignames. Ce qui les surprit le plus, ce furent les chèvres, les cochons, les chiens et les chats, animaux qui leur étaient totalement inconnus, puisqu’ils n’avaient pas même de mots pour les désigner. Les clous, en général tous les instruments de fer, les étoffes rouges, semblaient avoir un grand prix pour eux. Grands et forts, bien proportionnés, cheveux et barbe frisés, teint d’un châtain foncé, ces indigènes parlaient une langue qui