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SECOND VOYAGE DU CAPITAINE COOK.

lorsqu’un naturel s’expliqua de manière à ne me laisser aucun doute que c’était le roi. Je lui offris en présent une chemise, une hache, un morceau d’étoffe rouge, un miroir, quelques clous, des médailles et des verroteries. Il les reçut, ou plutôt souffrit qu’on les mit sur sa personne et autour de lui, sans rien perdre de sa gravité, sans dire un mot, sans même tourner la tête ni à droite ni à gauche. »

Cependant, le lendemain, ce chef envoya des paniers de bananes et un cochon rôti, en disant que c’était un présent de l’« ariki » de l’île à l’« ariki » du vaisseau.

Cet archipel reçut de Cook le nom d’îles des Amis. Ces îles avaient été vues par Schouten et Tasman, qui les désignent sous les noms d’îles des Cocos, des Traîtres, de l’Espérance, et de Horn.

Cook, qui n’avait pu se procurer d’eau douce, fut donc obligé de quitter Tonga plus tôt qu’il l’aurait voulu. Il eut cependant le temps de rassembler un certain nombre d’observations sur les productions du pays et les mœurs des habitants. Nous allons en résumer les plus saillantes.

La nature a semé avec prodigalité ses plus riches trésors sur les îles Tonga et Eoa. Les cocotiers, les palmiers, les arbres à pain, les ignames, les cannes à sucre sont les plus ordinaires. En fait d’animaux comestibles, on n’y rencontre guère que les cochons et la volaille, mais si le chien n’y existe pas, son nom est cependant connu. Les poissons les plus délicats fourmillent sur les côtes.

De même taille, presque aussi blancs que les Européens, les habitants de ces îles sont bien proportionnés et ont des traits agréables. Leurs cheveux sont originairement noirs, mais ils ont l’habitude de les teindre avec une poudre, de sorte qu’il y en a de blancs, de rouges, de bleus, ce qui produit un assez singulier effet. La pratique du tatouage est universelle. Quant aux vêtements, ils sont des plus simples. Une pièce d’étoffe, enroulée autour de la ceinture et pendant jusqu’aux genoux, en fait tous les frais. Mais les femmes, qui sont, à Tonga comme ailleurs, plus coquettes que les hommes, se font un tablier en fibres de cocos, qu’elles parsèment de coquillages, de bouts d’étoffes de couleur et de plumes.

Ces naturels ont quelques coutumes singulières que les Anglais n’avaient pas encore observées. C’est ainsi qu’ils mettent sur leur tête tout ce qu’on leur donne et emploient cette pratique pour conclure un marché. Lorsqu’un de leurs amis ou de leurs parents vient à mourir, ils ont aussi l’habitude de se couper une ou plusieurs phalanges et même plusieurs doigts. Enfin, leurs habitations ne sont pas réunies en villages ; elles sont éparses et semées au milieu des plantations. Faites des mêmes matériaux et conçues sur le même