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ASTRONOMES ET CARTOGRAPHES.

Delisle vécut assez pour voir les succès de son élève J.-B. d’Anville. Si ce dernier fut inférieur, sous le rapport de la science historique, à Adrien Valois, il mérita sa haute renommée par la correction relative de son dessin, par l’aspect clair et artistique de ses cartes.

« On a peine à comprendre, dit M. E. Desjardins dans sa Géographie de la Gaule romaine, le peu d’importance qu’on attribue à ses œuvres de géographe, de mathématicien et de dessinateur. C’est cependant dans ces dernières qu’il a surtout donné la mesure de son incomparable mérite. D’Anville a, le premier, su construire une carte par des procédés scientifiques, et cela suffit à sa gloire… Dans le domaine de la géographie historique, d’Anville a fait preuve surtout d’un rare bon sens dans la discussion et d’un merveilleux instinct topographique dans les identifications ; mais, il faut bien le reconnaître, il n’était ni savant, ni même suffisamment versé dans l’étude des textes classiques. »

Le plus beau travail de d’Anville est sa carte d’Italie, dont la dimension, jusqu’alors exagérée, se prolongeait de l’est à l’ouest, suivant les idées des anciens.

En 1735, Philippe Buache, dont le nom est justement célèbre comme géographe, inaugurait une nouvelle méthode en appliquant, dans une carte des fonds de la Manche, les courbes de niveau à la représentation des accidents du sol.

Dix ans plus tard, d’Après de Mannevillette publiait son Neptune oriental, dans lequel il rectifiait les cartes des côtes d’Afrique, de Chine et de l’Inde. Il y joignait une instruction nautique, d’autant plus précieuse pour l’époque que c’était le premier ouvrage de ce genre. Jusqu’à la fin de sa vie, il perfectionna ce recueil qui servit de guide à tous nos officiers pendant la fin du xviiie siècle.

Chez les Anglais, Halley occupait le premier rang parmi les astronomes et les physiciens. Il publiait une théorie des Variations magnétiques et une Histoire des moussons, qui lui valaient le commandement d’un vaisseau, afin qu’il pût soumettre sa théorie à l’expérience.

Ce qu’avait fait d’Après chez les Français, Alexandre Dalrymple l’accomplit pour les Anglais. Seulement, ses vues gardèrent jusqu’au bout quelque chose d’hypothétique, et il crut à l’existence d’un continent austral. Il eut pour successeur Horsburgh, dont le nom sera toujours cher aux navigateurs.

Mais il nous faut parler de deux expéditions importantes qui devaient mettre fin à la querelle passionnée sur la figure de la Terre. L’Académie des Sciences venait d’envoyer une mission composée de Godin, Bouguer et La Condamine en Amérique, pour mesurer l’arc du méridien à l’équateur. Elle résolut de confier la direction d’une expédition semblable, dans le nord, à Maupertuis.