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LES GRANDS NAVIGATEURS DU XVIIIe SIÈCLE.

rent en cet endroit engagea Cook à lui donner le nom de Botany-Bay (baie Botanique). Étendue, sûre et commode, cette baie est située par 34° de latitude et 208° 37’ de longitude ouest. On pouvait s’y procurer facilement de l’eau et du bois.

« Les arbres, dit Cook, sont pour le moins aussi grands que les chênes d’Angleterre, et j’en vis un qui y ressemblait assez. C’est le même qui distille une gomme rouge pareille au sang de dragon. »

Ce devait être, sans doute, une espèce d’eucalyptus. Parmi les différentes sortes de poissons qui fourmillaient dans ces parages, il faut citer la raie bouclée, dont l’une, après qu’on l’eut vidée, pesait encore trois cent trente-six livres.

Le 6 mai, Cook quitta Botany-Bay et continua de remonter le littoral vers le nord, en s’en tenant éloigné de deux ou trois milles. La navigation, le long de cette côte, fut assez monotone. Les seuls incidents qui vinrent un peu l’animer furent les différences subites et imprévues des fonds de la mer et les lignes de brisants qu’il fallut éviter.

Dans une descente qu’ils effectuèrent un peu plus loin, les explorateurs reconnurent que le pays était manifestement plus mauvais qu’aux environs de Botany-Bay. Le sol était sec et sablonneux, les rampes des collines étaient couvertes d’arbres, clair-semés, isolés et sans broussailles. Les matelots y tuèrent une outarde, qui fut déclarée le meilleur gibier qu’on eût mangé depuis le départ d’Angleterre. C’est pourquoi cet endroit reçut le nom de Bustard-Bay. On y recueillit également une grande quantité d’huîtres de toute espèce et notamment de petites huîtres perlières.

Le 25 mai, l’Endeavour se trouva, à un mille de terre, vis-à-vis d’une pointe qui coupait exactement le tropique du Capricorne. On constata le lendemain que la marée monta et descendit de sept pieds. Le flux portait à l’ouest et le reflux à l’est, juste le contraire de ce qu’on avait éprouvé à Bustard-Bay. En cet endroit, les îles étaient nombreuses, le chenal étroit et très peu profond.

Le 29, Cook, espérant trouver un endroit commode pour nettoyer la quille et les fonds de son bâtiment, débarqua, avec Banks et Solander, dans une large baie. Mais à peine furent-ils descendus à terre qu’ils se trouvèrent fort empêchés dans leur marche par une herbe épaisse, barbue et remplie de graines piquantes, — sans doute une sorte de spinifex, — qui s’attachait aux vêtements, les transperçait et pénétrait jusqu’à la chair. En même temps, des nuages de maringouins et de moustiques s’abattaient sur eux et les accablaient de piqûres douloureuses. On découvrit un lieu commode pour les réparations à faire, mais ce fut inutilement que l’on chercha une aiguade. Des gommiers, semés çà et là,