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cordon de matelots, qui barra la route aux passagers affolés. Il n’y avait plus qu’à attendre le dénouement.

Une heure après, Karroly entrevit une énorme masse dans la région du Nord. Par quel miracle le Jonathan avait-il suivi sans dommage le chenal séparant l’île Herschell de l’île Hermitte ? Le certain, c’est qu’il l’avait franchi, puisqu’il avait maintenant devant lui les hauteurs de l’île Wollaston. Mais le flot se faisait alors sentir, et l’île Wollaston fut presque aussitôt laissée sur tribord.

Lequel serait le plus fort, du vent ou du courant ? Le Jonathan, poussé par le premier, allait-il passer à l’Est de l’île Hoste, ou bien, drossé par le second, la doubler par le Sud ? Ni l’un, ni l’autre. Un peu avant une heure du matin, un formidable choc l’ébranla dans toute sa membrure, et il demeura immobile, en donnant une forte gîte sur bâbord.

Le navire américain venait de se mettre au plein sur la côte orientale de cette extrémité de l’île Hoste qui porte le nom de Faux cap Horn.