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presqu’île, au pied des Sentry Boxes, et, de là, remonta vers le Nord, en balayant tout devant elle. Les laveurs d’or rencontrés au passage étaient impitoyablement repoussés, à moins qu’ils ne consentissent à se mettre en règle.

Cette méthode obtint d’abord quelques succès. Certains furent contraints de payer à deniers comptants le droit d’exploitation, et les limites du claim choisi par eux furent soigneusement indiquées. D’autres, par contre — et c’était la majorité — ne possédant pas la somme exigée pour la délivrance d’une concession, durent renoncer à leur entreprise. Le nombre des mineurs décrut sensiblement pour cette raison.

Mais bientôt la situation s’aggrava. Ceux qui n’avaient pu obtenir une concession tournaient pendant la nuit les troupes commandées par le Kaw-djer et revenaient s’établir en arrière sur le bord du Golden Creek, précisément à l’endroit d’où l’on venait de les chasser. En même temps, le mal se répandait comme une marée montante. Excités par les trouvailles des premiers prospecteurs, une deuxième série d’Hosteliens entraient en scène. D’après les nouvelles qui parvenaient au Kaw-djer, l’île entière était attaquée par la contagion. Le mal n’était plus localisé au Golden Creek, et d’innombrables chercheurs d’or fouillaient les montagnes du centre et du Nord.

On s’était fait cette réflexion bien naturelle que les gisements aurifères ne devaient pas, selon toute vraisemblance, se rencontrer exclusivement dans cette plaine marécageuse située à la base des Sentry Boxes. La présence de l’or sur l’île Hoste étant démontrée, tout portait à croire qu’on en trouverait également le long des autres cours d’eau dépendant du même système orographique. On s’était donc mis en chasse de tous côtés, de la pointe de la presqu’île Hardy et de l’extrémité de la presqu’île Pasteur au Darwin Sound.

Quelques prospections ayant abouti à de petits succès, la fièvre générale en fut augmentée, et la fascination de l’or devint plus impérieuse encore. Ce fut une irrésistible folie qui, en quelques semaines, vida Libéria, les bourgades et les fermes de la plupart de leurs habitants. Hommes, femmes et enfants allaient travailler sur les placers. Quelques-uns s’enrichissaient en découvrant une de ces poches où les pépites se sont accumulées sous l’action des pluies torrentielles. Mais l’espoir