Page:Verne - Les Naufragés du Jonathan, Hetzel, 1909.djvu/432

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XI

la fièvre de l'or.

C’est dans la matinée du 6 mars, que la découverte avait été faite.

Quelques personnes, parmi lesquelles Edward Rhodes, ayant projeté une partie de chasse, avaient quitté Libéria de bonne heure en voiture et s’étaient rendues à une vingtaine de kilomètres dans le Sud-Ouest, sur le revers occidental de la presqu’île Hardy, au pied des montagnes, les Sentry Boxes, qui la terminent. Là s’étendait une forêt profonde non encore exploitée, où se réfugiaient d’ordinaire les fauves de l’île Hoste, des pumas et des jaguars qu’il convenait de détruire jusqu’au dernier, car nombre de moutons avaient été leurs victimes.

Les chasseurs battirent la forêt ; ayant tué deux pumas chemin faisant, ils atteignaient un ruisseau torrentueux qui délimitait la lisière opposée, lorsqu’apparut un jaguar de grande taille.

Edward Rhodes, l’estimant à bonne portée, lui envoya un premier coup de fusil, qui l’atteignit au flanc gauche. Mais l’animal n’avait pas été blessé mortellement. Après un rugissement de colère plutôt que de douleur, il fit un bond dans la direction du torrent, rentra sous bois et disparut.

Pas si vite, cependant, qu’Edward Rhodes n’eût le temps de tirer un second coup. La balle, manquant le but, alla frapper un angle de roche. La pierre vola en éclats.

Peut-être les chasseurs eussent-ils alors quitté la place, si un des éclats projetés ne fût tombé aux pieds d’Edward Rhodes,