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dait son arrêt. Tu as très bien fait. Mais, il me faut ta parole de ne répéter à personne ce que tu m’as raconté.

Dick étendit solennellement la main.

— Je le jure, gouverneur.

Le Kaw-djer sourit.

— C’est bon, dit-il. Va te coucher, maintenant, pour regagner le temps perdu. Mais n’oublie pas. À personne, tu m’entends. Ni à Hartlepool, ni à Rhodes… J’ai dit : à personne.

— Puisque c’est juré, gouverneur, » fit remarquer Dick avec importance.

Désireux d’obtenir quelques informations complémentaires sans rien révéler de ce qu’il avait appris, le Kaw-djer se mit à la recherche d’Hartlepool.

« Rien de neuf ? lui demanda-t-il en l’abordant.

— Rien, monsieur, répondit Hartlepool.

— La garde est faite régulièrement ?… C’est le point important, vous le savez. Il faut procéder vous-même à des rondes, et vous assurer personnellement que chacun remplit son devoir.

— Je n’y manque pas, monsieur, affirma Hartlepool. Tout va bien.

— On ne récrimine pas contre ce service fatigant ?

— Non, monsieur. Tout le monde y a trop d’intérêt.

— Même pas Kennedy ?

— Lui… C’est un des meilleurs. Une vue excellente. Et une attention !… On a beau être un pas grand-chose, le matelot se retrouve toujours quand il le faut, monsieur.

— Ni Patterson ?

— Non plus. Rien à dire… Ah ! à propos de Patterson, ne soyez pas étonné si vous ne l’apercevez plus. Il montera désormais la garde chez lui, puisqu’il est en bordure de la rivière.

— Pourquoi cela ?

— Il vient de me le demander. Je n’ai pas cru devoir refuser.

— Vous avez bien fait, Hartlepool, approuva le Kaw-djer en s’éloignant. Continuez à veiller. Mais, si d’ici à quelques jours les Patagons font toujours les morts, c’est nous qui irons les chercher. »

Les choses se corsaient décidément. Patterson avait eu un but en présentant à Hartlepool une requête, à laquelle celui-ci, n’étant pas prévenu, ne pouvait trouver aucun caractère suspect.