Page:Verne - Les Indes noires, 1877.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
les indes-noires.

— Il ne voudrait pas nous quitter.

— Vous songerez à le marier, cependant ?

— Marier Harry ! s’écria Simon Ford. Et à qui ? À une fille de là-haut, qui aimerait les fêtes, la danse, qui préférerait son clan à notre houillère ! Harry n’en voudrait pas !

— Simon, répondit Madge, tu n’exigeras pourtant pas que jamais notre Harry ne prenne femme…

— Je n’exigerai rien, répondit le vieux mineur, mais cela ne presse pas ! Qui sait si nous ne lui trouverons point… »

Harry rentrait en ce moment, et Simon Ford se tut.

Lorsque Madge se leva de table, tous l’imitèrent et vinrent s’asseoir un instant à la porte du cottage.

« Eh bien, Simon, dit l’ingénieur, je vous écoute !

— Monsieur James, répondit Simon Ford, je n’ai pas besoin de vos oreilles, mais de vos jambes. — Vous êtes-vous bien reposé ?

— Bien reposé et bien refait, Simon. Je suis prêt à vous accompagner partout où il vous plaira.

— Harry, dit Simon Ford, en se retournant vers son fils, allume nos lampes de sûreté.

— Vous prenez des lampes de sûreté ! s’écria James Starr, assez surpris, puisque les explosions de grisou n’étaient plus à craindre dans une fosse absolument vide de charbon.

— Oui, monsieur James, par prudence !

— N’allez-vous pas aussi, mon brave Simon, me proposer de revêtir un habit de mineur ?

— Pas encore, monsieur James ! pas encore ! » répondit le vieil overman, dont les yeux brillaient singulièrement sous leurs profondes orbites.

Harry, qui était rentré dans le cottage, en ressortit presque aussitôt, rapportant trois lampes de sûreté.

Harry remit une de ces lampes à l’ingénieur, l’autre à son père, et il garda la troisième suspendue à sa main gauche, pendant que sa main droite s’armait d’un long bâton.

« En route ! dit Simon Ford, qui prit un pic solide, déposé à la porte du cottage.

— En route ! répondit l’ingénieur. — Au revoir, Madge !

— Dieu vous assiste ! répondit l’Écossaise.

— Un bon souper, femme, tu entends, s’écria Simon Ford. Nous aurons faim à notre retour, et nous lui ferons honneur ! »