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port-praslin.

plantations, étagées vers l’intérieur, ne s’arrêtaient qu’à la limite même du ressac sur les extrêmes roches des criques. À droite, d’épaisses forêts montaient jusqu’aux dernières cimes de la chaîne centrale, que dominent les deux ou trois pics des Lanut. Lorsqu’un obstacle, rio ou marécage, obligeait à s’écarter du rivage, on s’engageait sous bois, le long de sentes à peine frayées. Là abondaient les areks, les pandanus, les baringtonias, les figuiers-banians. Un filet de lianes, quelques-unes d’un jaune éclatant comme de l’or, entouraient le tronc de ces arbres, s’entortillaient à leurs branches, grimpaient jusqu’à leur sommet. Il fallait prendre garde aux épines déchirantes, et M. Zieger de répéter à ses hôtes :

« Faites attention, je vous le recommande, sinon vous arriverez à la maison demi-nus, ce qui n’est pas convenable, même, à Neu-Mecklenburg. »

Il y avait vraiment lieu d’admirer, et pour leur diversité et pour leur magnifique venue, les essences de ces forêts néo-irlandaises. À perte de vue se massaient les hibiscus, dont le feuillage rappelle celui du tilleul, des palmiers enguirlandés de festons volubiles, des callophyllums dont le tronc mesurait jusqu’à trente pieds de circonférence, des