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les frères kip.

mer était déserte. Toute crainte d’une seconde agression devait disparaître. Du côté de l’est se développait l’immense plaine liquide, limitée au périmètre de la mer et du ciel.

Cependant, à défaut des naturels dont il n’y avait plus à se défier, il fallait compter avec les brusques coups de vent qui désolent cette portion du Pacifique resserrée entre la Papouasie, les îles Salomon et les archipels du nord. Ils ne durent pas, d’ailleurs, et ne sont redoutables que pour le capitaine négligent ou inexpérimenté, qu’ils surprennent. On les appelle des « grains noirs ». Un navire qui n’est pas sur ses gardes risque de chavirer sous voiles.

Pendant cette journée et la nuit qui suivit, il n’y eut point à parer un de ces grains. La direction du vent ne se modifia aucunement. Lorsque le James-Cook eut laissé sur bâbord l’île Monyon, aride et inhabitée, qui se dresse au milieu de son anneau coralligène, il rencontra une mer moins encombrée de bancs madréporiques et put maintenir sa vitesse à une moyenne de dix milles.

Dans ces conditions, on comprendra que l’occasion toujours attendue de Flig Balt, de Vin Mod et des autres ne se fût pas offerte. M. Gibson, son fils, l’armateur, les frères Kip, ne passaient point les nuits dans leurs ca-