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les frères kip.

la brise constante des alizés du Pacifique, sans que les hommes eussent à manœuvrer.

Ces parages sont, en général, peu visités. Pour rallier les mers d’Europe, la marine marchande a diminué de beaucoup son parcours à revenir des Philippines, des Moluques, des îles de la Sonde et de l’Indo-Chine par l’océan Indien, le canal de Suez et la Méditerranée. À moins qu’ils ne soient à destination des ports de l’Ouest-Amérique, les steamers ne s’aventurent point sur la mer de Corail. Elle n’est guère fréquentée que par les voiliers, qui préfèrent la route du cap Horn à celle du cap de Bonne-Espérance, ou par ceux qui, comme le James-Cook, font le grand cabotage entre l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les archipels du nord. Il est donc rare que quelque voile se montre à l’horizon. De là une navigation monotone à laquelle doivent se résigner sinon les équipages, peu soucieux de distraction, du moins les passagers auxquels ces traversées semblent interminables.

Dans l’après-midi du 9 novembre, Nat Gibson, penché sur la lisse à l’avant, appela le capitaine, qui venait de quitter le rouf, et il lui indiqua une sorte de masse noirâtre à deux milles par bâbord.

« Père, dit-il, est-ce que ce serait un écueil ?…