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LES FRÈRES KIP

— Avec un autre capitaine, alors, mon ami ! Chacun son métier, et je ne suis pas baleinier…

— Avec un autre capitaine, soit, Gibson, et avec un autre navire, car il faut une installation spéciale que notre James-Cook ne comporterait pas.

— Sans doute, Hawkins, un bâtiment qui puisse embarquer deux mille barils d’huile pendant une campagne dont la durée va jusqu’à deux ans quelquefois, et des pirogues pour la poursuite des animaux, et un équipage qui occupe de trente à quarante hommes, harponneurs, tonneliers, forgeron, charpentier, matelots, novices, au moins trois officiers et un médecin…

— Père, affirma Nat Gibson, M. Hawkins ne négligerait rien de ce que nécessite ce genre d’armement…

— Grosse affaire, mon enfant, répondit le capitaine, et, à mon avis, en cette partie du Pacifique, le cabotage donne des bénéfices plus assurés… Il est telles de ces campagnes de pêche qui ont été ruineuses… J’ajoute que les baleines, trop pourchassées, tendent à s’éloigner vers les mers polaires. Il faut aller les chercher jusque dans les parages du détroit de Behring, du côté des îles Kouriles, ou dans les mers antarctiques, voyages longs et périlleux dont plus d’un navire n’est jamais revenu.

— Après tout, mon cher Gibson, dit l’armateur, ceci n’est qu’un projet… Nous verrons plus tard… Tenons-nous-en au cabotage, puisqu’il a toujours été heureux, et ramenons le brick à Hobart-Town avec une belle cargaison dans sa cale. »

Vers six heures du soir, le James-Cook eut connaissance de la côte par le travers de la baie Waimah, à la hauteur des petits ports d’Ohawe. Quelques nuages se levant à l’horizon, le capitaine fit amener les perroquets et prendre les ris dans les huniers. C’est d’ailleurs une précaution qui s’impose à tous les bâtiments dans ces parages, où les coups de vent sont aussi subits que violents, et,