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LES FRÈRES KIP

meilleure impression que sur M. Gibson. Au reste, on aurait pu, sans inconvénient, leur permettre de descendre à terre. Ils n’auraient pas eu l’idée de déserter après ces quarante-huit heures de navigation, et ils fussent certainement rentrés avant le départ du brick. Vin Mod les avait travaillés, et, malgré la présence de M. Hawkins et de Nat Gibson, ils comptaient bien que quelque occasion se présenterait de s’emparer du navire. Ce serait un peu plus difficile. Mais qu’y a-t-il d’impossible à des gens sans foi ni loi, décidés à ne reculer devant aucun crime ?

Après une heure, pendant laquelle M. Hawkins et M. Gibson examinèrent ensemble les comptes du voyage, le capitaine annonça que le brick mettrait en mer le lendemain au lever du jour. L’armateur et Nat Gibson reviendraient dans la soirée prendre possession de leur cabine, où ils auraient préalablement fait transporter les bagages.

Cependant, avant de regagner le quai, M. Gibson demanda à Flig Balt s’il n’avait pas besoin de se rendre à terre ;

« Non, capitaine, répondit le maître d’équipage. Je préfère rester à bord… c’est plus prudent… et surveiller les hommes…

— Vous avez raison, Balt, dit M. Gibson. Il faut toutefois que le cuisinier aille aux provisions…

— Je l’y enverrai, capitaine, et, s’il est nécessaire, deux matelots avec lui. »

Tout étant convenu, le canot qui avait amené l’armateur et ses compagnons les reconduisit à quai. De là, ils revinrent au comptoir, où demeurait M. Balfour, qui se réunit à eux pour le déjeuner.

Pendant le repas, on causa d’affaires. Jusqu’ici le voyage en cours du James-Cook avait été des plus favorisés et donnait de beaux bénéfices.

Le grand cabotage, en effet, tendait remarquablement à se