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SUITES DE L’AFFAIRE.

évadés du pénitencier de Port-Arthur. Lorsqu’il l’apprit, il vit là, comme tant d’autres, une nouvelle preuve que la justice n’avait commis aucune erreur en les condamnant.

Toutefois, on ne s’étonnera pas si, dès les premiers jours, M. Hawkins voulut s’entretenir de l’affaire avec son correspondant de Port-Praslin. Il lui en refit tout l’historique, il lui rappela les circonstances mystérieuses de l’attentat et il ajouta :

« Et d’abord, mon cher Zieger, lorsque vous avez su que les deux frères avaient été accusés d’être les auteurs du crime, lorsque vous avez appris leur condamnation, est-ce que vous avez pu y croire ?…

— Non, assurément, mon ami. Que Karl et Pieter Kip fussent des assassins… cela paraissait inadmissible !… J’avais toujours vu en eux des hommes aussi intelligents qu’honnêtes, ayant une profonde reconnaissance pour le capitaine Gibson et pour vous, n’oubliant pas qu’ils étaient les naufragés de la Wilhelmina recueillis par le James-Cook !… Non !… jamais je n’aurais pu penser qu’ils fussent coupables.

— Et s’ils ne l’étaient pas ?… répondit M. Hawkins qui regardait en face M. Zieger.

— Vous avez des doutes à ce sujet… après ces débats qui ont mis en évidence ?…

— J’ai la conviction qu’ils ne sont pas les auteurs du crime, en attendant que j’en aie la preuve !… »

Devant une si formelle déclaration, M. Zieger dit :

« Écoutez, mon cher Hawkins, M. Hamburg, à Kerawara, moi, à Port-Praslin et dans toute la Nouvelle-Irlande, nous nous sommes livrés à une enquête des plus minutieuses. Il n’est pas de tribu de l’archipel où nous n’ayons recueilli des informations dont l’exactitude fût contrôlée. Nulle part, non plus que dans la Nouvelle-Bretagne, aucun indigène n’a pu être soupçonné d’avoir pris part au meurtre du capitaine Gibson…