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LES FRÈRES KIP

Aussi, jusqu’au jour, ces malheureux s’attendirent-ils à ce que les constables vinssent les enfermer dans les cachots du pénitencier…

Le lendemain était un dimanche, jour où les convicts ne sont pas envoyés aux travaux du dehors. Le règlement les astreint à suivre les exercices religieux, et, après l’office, ils restent consignés dans les cours.

Lorsque sonna l’heure de se rendre à la chapelle, O’Brien et Macarthy sentirent diminuer leurs appréhensions. Aucune mesure n’ayant été prise contre eux, ils en conclurent que le capitaine-commandant n’avait pas eu connaissance du billet.

Dès que les convicts eurent occupé leur place habituelle, l’office fut célébré par le ministre. Nul incident ne vint l’interrompre. Les deux Irlandais étaient l’un près de l’autre à leur rang, observant Farnham dont le regard signifiait clairement : rien de nouveau.

M. Skirtle assistait à cet office, ainsi qu’il le faisait chaque dimanche par ordre de l’administration supérieure. Son attitude n’indiquait aucune préoccupation, et il n’en eût pas été ainsi, en cas que le projet d’évasion se fût ébruité.

En outre, ni Farnham, ni O’Brien, ni Macarthy ne remarquèrent qu’ils fussent l’objet d’une attention spéciale. Donc, ce qu’il y avait plutôt lieu de croire, c’était que le billet avait été balayé par le vent, et il serait impossible d’en retrouver trace.

Lorsque le ministre eut achevé l’allocution par laquelle il terminait l’office, les convicts quittèrent la chapelle et regagnèrent les salles pour le premier repas. Puis ils se répandirent à travers les cours ou cherchèrent abri sous les préaux, car la pluie commençait à tomber.

Ce que Pieter Kip se proposait, c’était de rencontrer O’Brien ou Macarthy dans les cours, — où les convicts formaient des