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les fenians.


Ce fut en 1867, et dans le but d’arracher l’Irlande à l’insoutenable domination de la Grande-Bretagne, que se forma l’association politique du fenianisme.

Déjà, deux siècles avant, les sujets catholiques de la Verte Erin avaient enduré de graves persécutions, lorsque les soldats de Cromwell, aussi intolérants que féroces, voulurent imposer aux populations irlandaises le joug de la réforme. Les persécutés résistèrent noblement, fidèles à leur foi religieuse comme à leur foi politique. Les années s’écoulèrent, la situation ne s’améliora pas, et l’Angleterre fit plus durement sentir sa main brutale. Aussi, à la fin du dix-huitième siècle, en 1798, éclata une révolte, bientôt comprimée, qui amena la suppression du parlement irlandais, défenseur naturel des libertés irlandaises.

En 1829, un protecteur apparut, dont le nom retentit dans le monde entier. O’Connell vint siéger dans la Chambre des Communes. Là, sa voix puissante protesta contre les violences britanniques en faveur de sept millions de catholiques sur huit millions d’habitants que comptait l’Irlande.

À quel degré d’appauvrissement et de misère en était arrivé le malheureux pays, on en jugera par ce seul fait que, sur cinq millions d’hectares labourables, quinze cent mille, abandonnés du cultivateur sans ressources, restaient en friche.

Il n’y a pas lieu d’insister sur cette période de troubles qui allait