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ENSEMBLE.

— Alors… qui ?… Des matelots ?… Oui !… Plusieurs navires se trouvaient dans le port de Kerawara…

— Et il y avait aussi notre brick, le James-Cook…, répondit Pieter.

— Le James-Cook !… »

Et Karl Kip, répétant ce nom, interrogeait son frère.

Alors, Pieter lui fit connaître les soupçons dont son esprit était hanté. Est-ce que l’équipage du brick ne comptait pas des hommes très suspects, entre autres ces matelots recrutés à Dunedin et qui prirent part à la révolte soulevée par Flig Balt ?… Est-ce que, parmi ces hommes, Len Cannon — pour en citer un — n’a pu savoir que le capitaine Gibson emportait, non seulement des papiers du bord, mais aussi une somme de plusieurs milliers de piastres à l’habitation de M. Hamburg ?… Précisément, dans cet après-midi, Len Cannon et ses camarades étaient descendus à terre… N’avaient-ils pu épier Harry Gibson, le suivre à travers la forêt de Kerawara, l’attaquer, l’assassiner, le dévaliser ?…

Karl écoutait son frère avec une anxieuse et dévorante attention. Il semblait que toute une révélation se fît dans son esprit. Jamais il ne lui était venu à la pensée d’expliquer l’assassinat autrement que par l’intervention des indigènes… Et voici que Pieter lui signalait, comme pouvant être les coupables, ce Len Cannon ou autres recrues du bord !…

Après quelques moments de réflexion, il reprit :

« Mais, en admettant que les meurtriers doivent être recherchés parmi ces hommes, il n’en est pas moins certain que le capitaine Gibson a été frappé avec un poignard malais…

— Oui… Karl… et j’ajoute avec le nôtre…

— Le nôtre ?…

— Cela n’est que trop certain, affirma Pieter Kip, et c’est bien le nôtre dont on a retrouvé la virole dans le bois de Kerawara…