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LES FRÈRES KIP

d’appareillage. Ses papiers étant en règle, il n’eut pas besoin de retourner à terre. C’est alors qu’il fut nécessaire d’appeler les nouvelles recrues sur le pont.

Vin Mod ouvrit le grand panneau, et les quatre matelots montèrent pour la manœuvre. Parfaitement dégrisés, ils ne manifestaient aucunement l’intention de s’enfuir.

Toutefois, lorsqu’ils comparurent devant le capitaine, si M. Gibson fut assez maître de lui pour cacher l’impression que produisit la vue de ces hommes, — impression qui ne laissa pas d’être des plus désagréables, — il les observa attentivement, puis demanda leurs noms, afin de les inscrire sur le rôle de l’équipage.

En donnant ces noms, ils indiquèrent également leur nationalité ; deux Anglais, un Irlandais et un Américain. Quant au domicile, ils n’en avaient pas d’autre que les tavernes du port, dont les tenanciers sont en même temps des logeurs. En ce qui concernait leurs effets, et tout ce qui est d’ordinaire contenu dans le sac du matelot, ils n’avaient pu les emporter. D’ailleurs, Flig Balt mettrait à leur disposition les vêtements, linge et ustensiles que les déserteurs ne viendraient jamais réclamer. Il n’y aurait donc pas lieu de les envoyer chercher leurs sacs, et ils n’insistèrent pas.

Lorsque Len Cannon, Sexton, Kyle et Bryce eurent regagné l’avant, M. Gibson dit, en hochant la tête :

« Mauvaises pratiques, Balt, et je ne crois pas que vous ayez eu la main heureuse…

— C’est à voir, capitaine… à voir à la besogne…

— Il faudra les surveiller, ces gens-là, et de près !…

— Assurément, monsieur Gibson. Pourtant, ils ne sont pas maladroits, d’après le dire d’un officier du West-Pound, ici en relâche.

— Vous les aviez donc déjà en vue ?…

— Oui… depuis quelques jours.

— Et cet officier les connaissait ?…