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VI

le verdict.


L’enquête allait prendre fin. Les frères Kip avaient été interrogés et confrontés avec le maître d’équipage, leur principal, ou, pour mieux dire, leur unique accusateur jusqu’ici, le seul qui eût découvert dans leur cabine du James-Cook des pièces absolument probantes. Ils ne lui avaient répondu que par les plus formelles dénégations. Mais qu’une ordonnance de non-lieu pût être prononcée en leur faveur, comment auraient-ils eu cet espoir, lorsque tant de charges les accablaient, lorsqu’on leur opposait tant de preuves matérielles du crime, impossibles à récuser.

Du reste, ils n’eurent pas l’occasion de préparer ensemble leurs moyens de défense, ni la consolation de se soutenir, de se réconforter, de s’entretenir pendant les longues heures de prison. Séparés l’un de l’autre, ils ne communiquaient qu’avec l’avocat choisi pour les défendre. Lorsque le magistrat procédait à leur interrogatoire, ils ne se rencontraient même pas en sa présence, et ne devaient se revoir que le jour où l’affaire viendrait devant la cour criminelle.

La lettre de M. Zieger, l’envoi qui l’accompagnait, étaient maintenant connus du public. Les journaux d’Hobart-Town avaient rapporté cet incident. Il n’était plus contestable que le poignard saisi dans la valise ne fût l’arme dont s’étaient servis les meurtriers, et de ce fait ressortait le bien-fondé de l’accusation portée contre les frères Kip. Le verdict du jury ne pourrait donc être qu’une condamnation, et une condamnation capitale, étant données les circonstances aggravantes de ce crime.