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LES FRÈRES KIP

Actuellement, il n’y aurait point à risquer de s’affaler vers une côte, comme l’avait dit Flig Balt. Bien au contraire, et, à moins de courir vers l’archipel des Salomon, le brick ne trouverait aucun obstacle dans l’est.

MM. Hawkins, Flig Balt, Karl Kip, groupés devant le rouf, ne pouvaient se méprendre sur l’imminence de la tempête, et l’armateur dit :

« L’ouragan va tomber à bord…

— Cela est certain, répondit Flig Balt, et, cette fois, il ne s’agit pas d’un de ces grains noirs qui ne durent que quelques heures !…

— C’est à craindre, répondit M. Hawkins.

— Il sera nécessaire de fuir au large… observa Flig Balt.

— Et pourquoi ne pas tenir tête à la bourrasque ?… demanda Karl Kip. En se mettant à la cape…

— Et le pourrait-on ?… interrompit Flig Balt. Un navire chargé comme le James-Cook, et qui garde à peine sa ligne de flottaison, est-ce qu’il s’élèverait à la lame ?… Est-ce qu’il ne serait pas balayé en grand ?…

— Un marin doit toujours essayer de conserver sa route, répondit Karl Kip, et ne fuit que s’il ne peut faire autrement…

— C’est mon avis, déclara M. Hawkins, car nous pourrions être entraînés loin dans l’est…

— Et même dans le nord-est !… ajouta Karl Kip. Voici les nuages qui commencent à chasser du sud-ouest, et, vent arrière, nous tomberions dans les parages des Salomon… »

Assurément, et c’était bien ainsi que l’entendaient Flig Balt et Vin Mod.

Cependant il eût été difficile à l’ex-maitre d’équipage de ne pas reconnaître que le Hollandais parlait en marin. D’autre part, laisser échapper cette occasion de changer la direction du James-Cook, cela ne pouvait lui convenir. Aussi dit-il :