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LES FRÈRES KIP

navire. Le maître d’équipage ne lui avait jamais inspiré confiance. En diverses circonstances, ces qualités qui font le vrai marin lui avaient semblé assez incomplètes. À deux ou trois reprises, lorsque M. Gibson était dans sa cabine, quelques manœuvres mal dirigées lui faisaient douter que Flig Balt fût homme de mer. Mais, au total, cela ne le regardant pas, il s’était tu à ce sujet. Or, ce qui ne présentait pas de très graves inconvénients sous le commandement d’Harry Gibson, en avait maintenant que Flig Balt était le capitaine du James-Cook.

Ce jour-là, Karl Kip fit part de ses craintes à son frère.

« Ainsi, tu penses que ce Flig Balt n’est point à la hauteur de ses fonctions ?…

— Il est permis de le penser, Pieter… Durant le grain noir que nous avons attrapé dans la mer de Corail, j’ai acquis la certitude qu’il ne savait pas bien son métier…

— Alors, Karl, ton devoir est de surveiller cet homme, et, si quelque manœuvre te semble dangereuse, n’hésite pas à faire des observations…

— Que Flig Balt recevra, Pieter, en me priant de ne point me mêler de la direction du navire…

— N’importe, Karl, tu le dois, et, dans le cas où tes conseils seraient mal accueillis, adresse-toi directement à M. Hawkins… Il est de grand sens, il t’écoutera, il s’en expliquera avec l’ex-maître d’équipage, et, assurément, il te donnera raison contre lui…

— Nous verrons, Pieter. Par malheur, je n’ai pas les cartes du bord à ma disposition, et il m’est difficile de contrôler la route…

— Fais pour le mieux, mon cher Karl. Le James-Cook a été assez éprouvé déjà pour qu’on lui épargne d’autres épreuves ! »

On le voit, ne croyant pas encore qu’il y eût mauvais vouloir chez Flig Balt, Karl Kip le tenait pour un médiocre marin. Aussi, sans que celui-ci pût s’en apercevoir, le surveillait-il le plus possible. Du