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L’ASSASSINAT.

atteint au cœur, et, après une seconde d’angoisse, il retomba mort.

« Capitaine Balt… salut ! » dit Vin Mod en portant la main à son béret.

Le maître d’équipage, terrifié, reculait devant les yeux de sa victime, qui, vivement éclairés par un rayon de soleil, le regardaient toujours.

Vin Mod, ayant conservé tout son sang-froid, fouilla la poche du capitaine, où il trouva les papiers de bord et la sacoche, de laquelle il retira les deux mille piastres.

« Agréable surprise ! » s’écria-t-il.

Puis, tapant sur l’épaule du maître d’équipage, toujours immobilisé sous le regard du cadavre :

« Filons ! » dit-il.

Et, laissant le corps à cette place, où il ne serait probablement pas découvert avant le départ du brick, tous deux, regagnant le sentier, se dirigèrent rapidement vers le port.

Un quart d’heure plus tard, ils mettaient le pied sur le pont du James-Cook. Flig Balt réintégra sa cabine. Vin Mod descendit au poste de l’équipage, vide alors, et cacha au fond de son sac les papiers du capitaine Gibson, les piastres volées et le poignard qui avait servi à l’assassinat.

Une demi-heure s’était écoulée, lorsque Karl et Pieter rentrèrent à bord, et, en attendant le retour des invités de M. Hamburg, ils vinrent s’asseoir à l’arrière du rouf.

Quant à Vin Mod, le misérable remonta vers l’avant-pont. Affectant même une extrême gaieté, il se mit à causer avec les matelots Hobbes et Wickley, qui n’étaient point descendus à terre.

Ainsi avait été commis le crime.

Ce fut l’employé d’une factorerie qui, le lendemain, traversant la clairière, découvrit le corps du capitaine Gibson. Il revint en