Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
LES FRÈRES KIP

Il se trouvait en ce moment dans le port deux bâtiments de commerce, portant, l’un le pavillon allemand, l’autre le pavillon britannique, occupés à décharger leur cargaison. En attendant le départ à destination, le premier de Sydney, de l’Australie, le second d’Auckland, de la Nouvelle-Zélande, leur relâche à Kerawara devait se prolonger trois semaines encore. MM. Hawkins et Gibson connaissaient le capitaine anglais, qu’ils avaient vu quelquefois à Hobart-Town, et ils furent heureux de lui serrer la main.

L’habitation de M. Hamburg était située à mi-colline, au milieu de la forêt, que traversait un large sentier bordé d’épais buissons. Un demi-mille la séparait de son comptoir du port.

Le gouverneur avait invité à dîner pour le lendemain M. Hawkins, M. Cdbson et son fils. L’embarquement des cent cinquante tonnes de coprah serait terminé dans cet après-midi du 2 décembre, et le James-Cook, dès le 3, reprendrait la mer à destination de Port-Praslin.

Les frères Kip étaient compris dans l’invitation faite par M. Hamburg, mais ils l’avaient déclinée avec la réserve de gens qui ne veulent point s’imposer. Ils profiteraient de cette soirée pour faire une dernière promenade aux environs du port. Quant à l’équipage du brick, comme la désertion n’était point à craindre, il avait l’autorisation de descendre à terre et ne se ferait pas faute de fraterniser avec les matelots des autres bâtiments. La soirée finirait peut-être par quelque griserie dans la principale taverne de Kerawara. Cela était difficile à empêcher, et M. Gibson se borna à recommander de ne pas laisser les choses aller trop loin.

Flig Balt affirma au capitaine qu’il pouvait compter sur lui. Mais, en parlant avec son obséquiosité habituelle, pourquoi ne parvint-il pas à dissimuler le trouble qui l’agitait ?… Aussi M. Gibson, qui s’en aperçut, lui dit-il :

« Qu’avez-vous donc, Balt ?…