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LES FRÈRES KIP

— Qui vous demandera la permission d’imiter M. Hawkins, répliqua Nat Gibson en l’embrassant à son tour.

— Et votre père ?… demanda Mme Zieger.

— Il est resté abord, répondit M. Hawkins, mais il ne manquera pas d’être ici pour l’heure du déjeuner, »

M. et Mme Zieger n’avaient point d’enfant. Ils habitaient seuls cette villa de Wilhelmstaf avec leurs domestiques, un ménage, allemand comme eux, et une famille de colons logée dans un bâtiment annexe. Ces cultivateurs faisaient valoir le domaine agricole, auquel on employait aussi des femmes indigènes. Champs de cannes à sucre, de patates, de taros et d’ignames avaient une étendue d’un mille carré.

Devant la maison, le sol se tapissait d’une pelouse verdoyante semée de bouquets de casuarinas et de lataniers, arrosée d’un filet d’eau douce qui se détachait d’un rio du voisinage. En arrière des communs, très ombragés également, une basse-cour et une volière, celle-ci renfermant les plus beaux oiseaux de l’archipel, celle-là peuplée de pigeons, de colombes, et de ces poules domestiques auxquelles les indigènes donnent le nom de « coq », par onomatopée, en raison de leur cri guttural.

Il va sans dire que M. Hawkins et ses compagnons trouvèrent des rafraîchissements préparés dans le salon de la villa.

Karl et Pieter Kip avaient été présentés à Mme Zieger, et celle-ci fut très émue en apprenant dans quelles conditions les deux frères avaient été recueillis à bord du James-Cook. L’excellente dame se mit à leur disposition en tout ce qui pourrait être utile à l’un ou à l’autre, et ils la remercièrent de son sympathique accueil.

M. Hawkins et Nat Gibson allèrent visiter les chambres qui leur étaient destinées, garnies simplement de gros meubles de fabrication allemande, confortables comme le salon et la salle à manger. Mme Zieger s’excusa de ne pouvoir offrir l’hospitalité aux deux